Depuis l'arrêt du recrutement de main-d'œuvre étrangère en 1974, les gouvernements européens ont adopté des politiques de contrôle migratoire strictes dans un contexte de montée de la xénophobie dans l'opinion, la presse et les discours politiques. Pourtant, les étrangers bénéficient aujourd'hui de meilleures garanties de séjour, de l'accès aux droits sociaux et à certains droits politiques. Comment expliquer cette évolution paradoxale ?
A partir d'une étude comparée des réformes des droits des étrangers en France, en Allemagne et aux Pays-Bas depuis 1974, cet ouvrage analyse l'impact de différents facteurs sur les réformes des droits des étrangers : stratégie des partis politiques, mobilisation des immigrés, normes «postnationales», conception de l'Etat-nation.
L'auteur élabore un modèle d'explication qui insiste sur l'ampleur du débat sur les réformes des droits des étrangers et sur le cadre institutionnel où les décisions sont prises. En effet, si les polémiques publiques sur l'immigration font échouer les réformes, celles-ci ont abouti lorsqu'elles ont fait l'objet de débats restreints aux administrations de l'Etat ou à la sphère judiciaire ou lorsqu'elles ont eu lieu dans des pays où les dirigeants politiques ont sciemment diminué la visibilité de ces réformes.