Au coeur d'un système qu'on devine totalitaire, se donne une fête
qui révèle le labyrinthe des peurs, l'une se contaminant des
autres, au gré du vent de l'Autorité ; cette pièce a été écrite au
lendemain d'un congrès des «jeunesses progressistes» ; l'URSS
savait organiser ces messes d'un type nouveau.
Liliane Atlan rapporte de cette expérience, à Moscou, il y a
un peu plus d'un demi-siècle, une forme de réquisitoire qui lui
est particulière. On se meut dans un univers kafkaïen ; le spirituel
n'y circule plus, ou plutôt à revers. Comme toujours, le dérisoire
et la tendresse luttent, à armes inégales, contre la conspiration
du seigneur avide de servitudes.
Les portes claquent, s'ouvrent et se ferment sur des espaces
qui sont plus mentaux que physiques. Il reste au grotesque le soin
de masquer ou de marquer la dilapidation du meilleur propre aux
hommes.
Le système des Portes a ceci de singulier qu'il laisse échapper
la liberté ; plutôt que de mourir, tous frais considérés, elle
s'espère et, par ce chas, aucun bourreau ne saurait s'introduire.
Suivant La Vieille Ville, Les Portes étonnent par leur modernité et ont
pour elles l'universel qui assure contre le vieillissement. La dictature
est encore un système actuel. L'allergie aux lois chez les plus nantis, la
confiscation des libertés ailleurs confèrent à cette pièce la force et la
valeur de celles qui ne se démodent pas.