À défaut de quitter l’Enfer, où il séjourne probablement aujourd’hui, le diabolique Maurice Level (1875-1926) semble aujourd’hui sortir du Purgatoire des écrivains. Ce nouvelliste français, qui fut aussi romancier et homme de théâtre, bien que régulièrement publié depuis les années 1920, dans de nombreuses anthologies anglo-saxonnes, aux côtés d’Edgar Poe ou d’autres auteurs plus contemporains, était complètement oublié chez nous.
Level avait inventé, avant tout le monde, l’art du récit court et efficace à chute, si possible effroyables et sanglants, que des auteurs comme Matheson ne redécouvriront que bien plus tard.
Précisons que Level ne pratique pas tant le fantastique que l’étrange mâtiné d’humour noir : pas de revenant, ni de vampire chez lui, ni d’au-delà non plus. Il compense ceci par une grande inventivité, et par un sens aigu de l’ambiance et du récit angoissant. Tout se passe comme s’il voulait produire un effet fantastique sans utiliser les ficelles (les clichés?) du genre. Par ailleurs, ses cartes maîtresses restent le conte cruel et l’humour (très) noir : les lecteurs qui ne goûtent pas ce genre de choses repasseront.
Parions en revanche que ceux qui aiment Ambrose Bierce, Roald Dahl, Jacques Sternberg, ou le Franquin « d’Idées noires » apprécieront ce précurseur que fut Maurice Level. Qu’ils franchissent donc sans crainte ces « Portes de l’Enfer » : ils seront au Paradis...
Suivi de « Cinq nouvelles extraordinaires » par un autre maître du genre : Gustave Le Rouge. Contenant : Spectre seul (1892) ; Notre-Dame La Guillotine (1893) ; Le Spectre rouge (1895) ; Le Navire de Jules César (1896) ; Dans le ventre d'Huitzilopochtli (1924)
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