Heinrich Rickert (1863-1936) appartient au courant néo-kantien qui se développa fortement en Allemagne au tournant du siècle et exerça une influence déterminante sur les sciences sociales naissantes. À l’encontre du positivisme français, qui pensait pouvoir ramener celles-ci au modèle commun des sciences physiques, le néo-kantisme allemand élabore et développe une distinction essentielle entre “sciences de la nature” et “sciences de l’esprit”, appelées également “sciences de la culture”. Heinrich Rickert a joué un rôle de tout premier plan dans l’élaboration et la défense de cette distinction. Il a très fortement influencé Max Weber et Raymond Aron lui a consacré de nombreuses pages dans sa présentation de la philosophie allemande de l’histoire, en 1938. Cependant, il restait jusqu’ici peu accessible au public français. D’où le choix de traduire Les problèmes de la philosophie de l’histoire, qui rassemble trois textes conçus par Rickert comme une introduction à son œuvre. La portée de l’ouvrage, tant du point de vue de la philosophie que de celui de la sociologie, est soulignée par deux introductions inédites, rédigées par Otthein Rammstedt, professeur à l’Université de Bielefeld et Patrick Watier, professeur à l’Université de Strasbourg.