Les Quatre Livres - dont le titre évoque
à la fois les quatre «canons» du
confucianisme et les quatre Evangiles - est
une oeuvre forte, violente, bouleversante,
pour dire à voix alternées le récit de la
création d'un monde, ce cauchemar que
furent, de 1959 à 1961, les trois années
du Grand Bond en avant imaginé par Mao
et qui coûta la vie à plus de trente-six
millions de personnes. Quatre manières de
dire la folie des hommes, quatre tonalités
dans lesquelles on reconnaît la voix de
Yan Lianke, sa langue poétique qui a
la puissance d'un chant d'amour et de
confiance en l'humanité.
On comprend que ce roman ne sera sans
doute jamais publié en Chine continentale.
«Dans un pays comme la Chine, c'est
comme si un grondement souterrain
permanent annonçait un tremblement de
terre qui peut survenir à chaque instant»
(Yan Lianke, Le Magazine littéraire).