Au terme d'un siècle marqué par plusieurs génocides
et d'innombrables autres actes de violence
contre des civils, une question reste en suspens :
pourquoi certains hommes acceptent-ils d'être des
«exécuteurs» de ces crimes, alors que d'autres le
refusent ? Après que de nombreux travaux ont
été consacrés aux victimes, aux bourreaux et aux
résistants, Philippe Breton identifie, dans ce livre,
une nouvelle catégorie d'acteurs : les «refusants».
En dépit de leur quasi-invisibilité - ils commentent
rarement leur acte -, on trouve des refusants
aussi bien parmi les SS durant la Seconde
Guerre mondiale, parmi les génocidaires au
Rwanda, dans les guerres du Viêt-nam ou d'Algérie,
que parmi les kamikazes islamistes. N'évoquant
aucune idéologie politique, religieuse ou même
humaniste, ces personnes ne sont pas des résistants.
Alors que les tueurs en appellent à la
vengeance - bien plus qu'à la haine raciste ou à la
nécessité d'obéir aux ordres - pour que s'exerce
une «légitime justice», les refusants se révèlent
imperméables à cet argument. Dès lors, une
nouvelle question se pose : pourquoi, dans des
contextes de crise extrême, certains sont-ils accessibles
à la problématique de la vengeance et d'autres
non ?
Grâce à une longue enquête, Philippe Breton
apporte une contribution inédite aux débats sur les
mécanismes de la violence, insistant sur l'importance
que revêt encore aujourd'hui le principe de
vengeance dans l'éducation et la culture de la
plupart des sociétés humaines.