Dans cet ouvrage, Claude Romano cherche à penser à nouveaux frais la méthode phénoménologique en dialogue avec d'autres courants de la philosophie contemporaine et notamment la philosophie analytique.
Cette réflexion s'ordonne autour de trois axes principaux. Tout d'abord, la question des rapports entre langage et expérience, qui a eu tendance à être reléguée au second plan par le linguistic turn, à partir des années 1970, et qui resurgit aujourd'hui dans le sillage des recherches empiriques en linguistique et dans les sciences de l'esprit : le langage n'exige-t-il pas, pour pouvoir être compris dans sa spécificité, que l'on interroge ses liens avec des significations prélinguistiques qui se font jour au niveau de notre expérience même du monde ? Ensuite, la question du réalisme : la phénoménologie entretient-elle une affinité nécessaire avec l'idéalisme, comme ont eu tendance à le croire un certain nombre de disciples de Husserl, ou ne nous met-elle pas plutôt sur la voie d'un réalisme qui demanderait à être reformulé ? Enfin, comment une phénoménologie réaliste et soucieuse d'une articulation plus fine entre expérience et langage permet-elle d'approcher de manière renouvelée des phénomènes « classiques », par exemple le corps (qui n'est plus une chair acosmique), les émotions (qui ne sont plus de simples vécus de conscience), ou encore l'habitude ?