Les «rescapés» sont ces inconnus au destin exceptionnel.
Victimes ou héros, acteurs ou témoins, pris dans la tourmente
d'un grand drame du xxe siècle, ils ont été happés sans le vouloir
au coeur de l'Histoire. Une guerre, un génocide, les caprices
d'une dictature, la colonisation, le proxénétisme organisé dû à
l'ouverture brutale des blocs de l'Est...
C'est le cas entre autres de Hartmut, qui réussit son évasion
spectaculaire du Mur de Berlin, avant d'échouer en prison ; celui
de Bardin, miraculé d'une exécution de masse au Congo ; de
Lucile, qui échappe par hasard au génocide des Khmers rouges ;
de Carmen, qui survit à la torture à Santiago-du-Chili ; de
Tatiana, la jeune Moldave forcée à la prostitution par la mafia
albanaise ; de Jeanine, tombée brusquement dans la misère
pendant l'hiver 1951, à Neuilly-sur-Marne ; ou encore de
Mme Poireau et de «Râteau», ces héroïnes ordinaires de la
Résistance.
Autant de traversées singulières qui nous rappellent notre destin
collectif. Car de Vukovar à La Havane, de Phnom Penh à
Santiago en passant par Brazzaville, Kaboul, Tlemcen ou
Neuilly-sur-Marne, c'est une part de nous-mêmes que les rescapés
nous racontent. Ils sont notre monde et notre temps. Ils
donnent surtout à penser ce qu'ils ont vécu, l'inhumanité du siècle.