Le capitalisme pourrait bien se transformer plus vite
que ses adversaires, les laissant toujours en retard
d'une époque. C'est le sentiment que l'on peut avoir
à observer la manière dont certains répètent les analyses
marxistes ou celles, symétriques, des économistes
classiques.
En se différenciant en un capitalisme de l'invention,
préoccupé par la captation de la «coopération entre
cerveaux», d'une part, et un capitalisme de la reproduction,
souvent réimplanté dans les pays pauvres,
d'autre part, le capitalisme a changé. Cela ne peut pas
être sans conséquences sur la manière de s'opposer
à lui.
Comment rendre compte des concepts de travail, de
production, de consommation, de communication,
d'information et de coopération en assumant que le
capitalisme n'est pas un «mode de production» (Marx),
mais une production de mo(n)des ? Comment sortir
de la double impasse de l'individuel et du collectif
avec laquelle les théories libérales comme les théories
socialistes ont pensé la «production de subjectivité» ?
Comment traduire le concept de multiplicité en politique
? Comment penser le conflit non plus à partir de
la contradiction dialectique, d'un dualisme de classes
ou d'une division ami/ennemi, mais de la logique de
l'incompossible (Leibniz) qui régit un monde où les
possibles bifurquent et coexistent à la fois (Borges) ?
En utilisant la boîte à outils de la sociologie de «la
différence et la répétition» (Gabriel Tarde), de la philosophie
de l'événement (Deleuze et Bakhtine) et une
théorie du pouvoir comme action sur des actions
possibles (Foucault).