Selon une grille de lecture issue de l’anthropologie, Christian Grosse décrit et analyse la profonde transformation de la culture rituelle chrétienne qu’entraîne à Genève l’adoption de la Réforme. Il démontre que la religion réformée ne remplace pas un christianisme médiéval, fondé sur le rite et sur la dimension collective de l’expérience religieuse, par un christianisme centré sur la dimension intérieure et individuelle de cette expérience ; elle substitue à un système rituel cohérent et englobant, dont la messe constituait le cœur, un autre système rituel, dont la cohérence repose sur la complémentarité de la prédication et de la communion. Combinant des approches chronologiques et thématiques, les Rituels de la cène réformée à Genève examinent la formation et le fonctionnement de ce système sur deux siècles, soit des années de révolution iconoclaste qui préparent l’abolition de la messe en 1535, à l’orée du XVIIIe siècle, quand une série de réformes met fin à la continuité d’une tradition fondée sur la forme des prières ecclésiastiques, le formulaire liturgique calvinien édité pour la première fois en 1542.