Anthropologie prospective
Les Rondes paysannes apparaissent en 1976 dans la région de Cajamarca, au Pérou. Elles sont une initiative locale pour assurer la vigilance nocturne dans des communautés andines de plus en plus touchées par les vols de bétail. Au fur et à mesure des années, elles se développent, devenant à la fois un système de vigilance, une institution collective d'administration de la justice et un mode de gestion des décisions communautaires.
L'ouvrage souligne l'originalité de ces Rondes paysannes en tant que mode de gouvernance local autonome, en les replaçant dans leur contexte d'émergence. Alors que la réforme agraire met un terme au système des haciendas, dans les zones rurales, faiblement prises en compte par l'État, les paysans sont en effet contraints d'inventer un mode de régulation original de l'« entre-soi » qui rétablisse la sécurité.
À partir de ses descriptions ethnographiques, l'auteure analyse en détail les différentes facettes de ces Rondes. Elle montre l'importance identitaire et symbolique de la vigilance en tant qu'affirmation du pouvoir paysan sur le territoire. Elle analyse également la manière dont la justice est rendue en assemblée. Plus largement, ce texte pose la question de la gestion politique au sein des communautés rurales et de la reconnaissance de la pluralité juridique et politique de l'État.
Ce livre touche ainsi à des questions clés pour les sociétés contemporaines : la gouvernance locale, les mouvements sociaux, l'identité indigène, la décentralisation et la reconnaissance juridique des pratiques alternatives de justice.