Au matin du 21 janvier 1800, les ouvriers et les bourgeois qui longent la
Madeleine s'arrêtent, interdits. Sur la façade de l'église s'étend un drap
de velours noir portant des mots terribles : «Victimes de la Révolution,
venez avec les frères de Louis XVI déposer ici vos vengeances.» Qui ose, en
plein Consulat, rappeler le souvenir du roi guillotiné sept ans plus tôt ?
L'homme qui a bravé la police de Bonaparte et de Fouché s'appelle Jean-Guillaume
Hyde de Neuville. Avec Georges Cadoudal et tant d'autres, il est l'un
des innombrables héros de cette geste royaliste qui a fait trembler le Consulat,
puis l'Empire. Car bien des nobles se rallieront à l'Empereur, conquis par les
honneurs ou vaincus par l'ennui ; beaucoup oscilleront, quinze années durant,
entre ce qu'on pourrait appeler résistance et collaboration... Mais les fervents du
roi, eux, ne céderont jamais. Napoléon a eu l'insolence d'écrire à Louis XVIII
qu'il lui faudrait, pour revenir en France, «marcher sur cent mille cadavres» ?
Les royalistes de coeur feront tout pour rendre ce retour possible : inscriptions
tracées à la craie sur les murs des villes, distribution de tracts et de pamphlets
incendiaires, attentats et enlèvements, attaques de diligences, noyautage de
la police et de l'armée, réseaux d'espionnage et de contre-espionnage...
Des salons parisiens au bocage vendéen, ce livre déroule une fresque inouïe,
pleine de bruit et de fureur.