Les Mozart père et fils possédaient à la fois l'esprit aiguisé du XVIIIe siècle et celui un peu rustre du pays alpin de Salzbourg, ainsi que le révèlent leurs nombreuses lettres. La correspondance du fils ne doit pas faire oublier celle du père, souvent savoureuse, pas plus que les plaisanteries scatologiques de Wolfgang ne doivent masquer le véritable comique mozartien, quand ce compositeur très conscient de son génie ne l'exprimait pas dans ses partitions. Les fois où cet homme porté à aimer qui l'aimait se faisait épistolier, c'était souvent pour décrire la société de son temps sans épargner personne : aristocrates, musiciens, élèves, domestiques... Il avait hérité le sens critique de Leopold, son père, mais celui-ci savait être courtisan alors que le fils rebelle recherchait l'indépendance autant que la reconnaissance. Deux choses presque impossibles à combiner pour un artiste de l'époque - sauf à y ajouter une bonne dose d'humour.