« La magie simulée connue sous les divers noms de magie blanche, escamotage, physique amusante, prestidigitation remonte à la plus haute antiquité.
Les Egyptiens, les Chaldéens, les Ethiopiens et les Perses ont eu de nombreux adeptes dans cet art mystérieux.
Jamnès et Mambrès, les magiciens de Pharaon qui luttèrent contre les miracles de Moïse ; Hermès-Trimégiste, l’inventeur de la science Hermétique ; Zamalxis, le magicien scythe qui reçut les honneurs divins après sa mort ; Zoroastre, le réformateur du magisme ; plus tard le philosophe Agrippa, Merlin l’enchanteur, Paracelse le nécromancien, sont les plus célèbres magiciens, j’allais dire escamoteurs, dont l’histoire nous ait transmis le nom.
Les prestigieux exercices de ces thaumaturges, à en juger d’après la réputation qu’ils leur ont acquise, devaient être assurément très étonnants pour l’époque où ils furent représentés. Toutefois il est permis de croire que ces prétendus miracles seraient maintenant d’un bien faible effet devant des spectateurs éclairés par des siècles de civilisation.
Pour en juger, admettons qu’il fût possible d’évoquer aujourd’hui et de convoquer à la simple séance de l’un de nos savants, les plus habiles magiciens de l’antiquité.
De quel étonnement ne seraient pas saisis ces vénérables enchanteurs, lorsqu’ils verraient se dérouler devant leurs yeux les mille merveilles que nous ont apportées, depuis eux, la pyrotechnie, la vapeur, l’aérostation, l’électricité, la photographie etc., tons principes dont ils n’avaient pas même rêvé l’existence.
A coup sûr notre savant passerait, à leurs yeux, séance tenante, du grade de magicien à celui de demi Dieu, si ce n’est plus.
Ce qui nous amène tout naturellement à conclure que si l’antiquité fut le berceau de la magie, c’est que cet art se trouvait alors dans l’enfance.
Les Grecs et les Romains eurent des artistes très ingénieux et très habiles dans ce genre d’expériences. Moins prétentieux que leurs prédécesseurs, ces magiciens montraient, alors, leur spectacle pour de l’argent et faisaient d’excellentes recettes ; résultat qui, de tout temps, fut reconnu par l’opérateur pour le meilleur de ses tours. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.