Les sombres précurseurs
Une sociologie pragmatique de l'alerte et du risque
Face à des dangers ou des risques, imminents ou diffus, lancer une alerte est avant tout un acte éthique, délibérément tourné vers autrui. Selon la trajectoire qu'elle emprunte, une alerte peut être à l'origine de controverses ou d'affaires publiques, à travers lesquelles se révèlent des rapports de force et de légitimité.
Fondé sur une sociologie de la vigilance, cet ouvrage a installé dans le monde francophone la notion de lanceur d'alerte, clairement distinguée de celle de « whistleblower » utilisée dans le monde anglo-saxon. À partir de trois grands dossiers - l'amiante, la radioactivité et les maladies à prions -, les auteurs élaborent un modèle de transformation qui mène de l'émergence de signes précurseurs jusqu'à leur inscription dans des dispositifs de régulation. Si les alertes donnent souvent lieu à des conflits durables, elles rendent visibles les prises collectives dont disposent, ou non, les acteurs pour surmonter leur défiance vis-à-vis des institutions et des systèmes d'expertise officiels.
Augmentée d'une préface, cette nouvelle édition survient après le vote de la loi sur les lanceurs d'alerte au printemps 2013. En déployant les dynamiques sociales liées aux crises sanitaires et environnementales, qui ne se réduisent pas à l'expression de « peurs irrationnelles », l'ouvrage permet d'en saisir toute la portée politique.