Les sonorités du monde, voici la question dont il faut s'occuper aujourd'hui. Nous avons regardé, observé, théorisé... le monde, rarement nous l'avons écouté. Il est maintenant nécessaire de l'entendre. Il ne s'agit pas seulement de lutter contre les nuisances et les pollutions sonores qui envahissent les espaces du dehors et ceux de l'intériorité. La vraie question est celle d'écouter, comprendre et vouloir autrement. Un processus complexe qui nous met face à nous-mêmes et aux « Autres ». Terrestres parmi les terrestres, nous sommes ainsi appelés au dépassement de notre « vision » du monde pour imaginer et instituer des processus de subjectivation et de recomposition planétaire inédites. Face à la bifurcation qui s'annonce inévitable entre la poursuite des pratiques mortifères des pouvoirs en place et les transformations radicales qui s'imposent, un nouveau matérialisme esthétique (aisthésis), du sentir et de l'écoute, est nécessaire. Voici les vibrations complexes qui composent l'écosophie sonore et qui départagent l'écoute instrumentalisée de l'assujettissement de celle, affranchissante, de l'émancipation.