Dans Les Spectacles d'horreur, publiés en 1630,
Jean-Pierre Camus réinvestit un genre alors très en
vogue : les histoires tragiques, ces récits criminels
sanglants dont l'époque, troublée, était friande. Mais
comment un militant acharné des austères principes
de la Contre-Réforme peut-il se livrer à l'ambigu
plaisir de représenter des «spectacles de sang et de
carnage» ? Pour mieux l'intégrer à la vaste entreprise
tridentine de réformation des moeurs, Camus amplifie
la portée moralisatrice du genre. Il contribue ce
faisant à le renouveler, mêlant à la représentation de
l'horreur une familiarité et un humour bonhomme
qui confèrent à ses récits une saveur inédite et font de
lui l'un des conteurs les plus originaux de la période
baroque.