La fin de la République est souvent décrite comme une période où les sénateurs romains utilisaient de façon systématique le mariage à des fins politiques et où de ce fait, compte tenu des continuelles fluctuations de la conjoncture, les unions qu’ils nouaient ne servaient que des objectifs de court terme et aboutissaient presque immanquablement à des divorces. S’appuyant sur l’analyse de l’ensemble des alliances matrimoniales impliquant des sénateurs conclues dans les trente dernières années de la République, qui furent marquées par une division ininterrompue de la scène politique en deux camps rivaux et par plusieurs phases de guerre civile, la présente étude montre que cette conception communément admise doit être révisée sur plusieurs points en mettant en évidence les différents critères, relatifs ou non au contexte tourmenté de l’époque, qui déterminaient le choix d’un conjoint dans les familles sénatoriales romaines et, au-delà, en identifiant les objectifs des stratégies matrimoniales de ces dernières, lesquels, loin d’être définis exclusivement en fonction des circonstances, s’inscrivaient aussi dans des logiques de long terme.