Pendant plusieurs siècles, la Sublime Porte désigna le gouvernement de l'Empire ottoman. Ce seuil monumental, familier aux ambassadeurs étrangers à Constantinople, symbolise aussi les échanges entre l'Orient et l'Occident. Par leur cosmopolitisme, toutes les échelles du Levant furent des Sublimes Portes.
Les relations de voyage n'occupent pas une place exclusive dans ce livre consacre à la littérature, y compris romanesque, des XIXe et XXe siècles. La fiction est souvent négligée par les spécialistes de l'altérité, sans doute paree que sa vertu documentaire y apparaît plus aléatoire. Le territoire des voyageurs romanituqes, «ce mineee Orient du pittoresque », a « trop suffi a toute une histoire littéraire », écrivait Raymond Schwab, qui qualifia cet exotisme « d'Externe-Orient ». Les fantômes qui hantent ces pages appartiennent à une société engloutie, à « l'Interne-Orient » qui fréquentait ou habitait les métropoles méditerranéennes dans la seconde moitié du XIXe siècle et l'entre-deux-guerres. D'Alexandrie à Venise, le parcours adopte ici la forme du croissant turc, aux frontières maritimes d'un monde brasseur de civilisations.