Lao She s'était, dit-on, lié d'amitié avec
une famille de chanteurs au tambour
qui lui aurait inspiré les personnages de ce
roman. C'était à Chongqing, entre 1938 et
1945, pendant la guerre de résistance
contre les Japonais.
La petite troupe haute en couleurs que
forment Baoqing et sa famille fait face à
l'adversité avec énergie, fière de son art
ancestral. Car l'ennemi, dans ce roman,
vient surtout de l'intérieur. Lao She décrit
avec une verve satirique les préjugés et le
mépris social entourant ces bateleurs de
l'ancienne Chine et se dépeint lui-même
sous les traits de Meng Liang, un jeune
écrivain progressiste qui initie Baoqing
aux idées nouvelles et s'attache
particulièrement au destin de Grâce, sa
fille adoptive. La jeune fille revendique la
liberté d'aimer et de choisir elle-même son
mari : son courage, sa force représentent
l'avenir de la Chine. «Je n'ai pas peur que
mes os soient broyés car ils serviront
d'engrais pour faire pousser les fleurs de la
liberté, dit Meng Liang à la fin des
Tambours. Si Grâce peut connaître un jour
le bonheur, alors il y a de l'espoir pour la
Chine.»