Les templiers et leur procès
Boucs émissaires ou culte ésotérique ?
Le Bas Moyen Âge est une période de dogme. L'Occident repose sur un édifice chrétien dont les paramètres sont bien définis. Le menacer, c'est se voir injustifié d'exister. C'est simplement être infidèle, hérétique, ou sorcier... ! Le Saint-Siège mène l'Occident du Concordat de Worms (1122) à la mort de saint-Louis. Toutefois, graduellement, émergent les structures étatiques des futurs cadres nationaux. Au tournant du XIVe siècle, les monarchies s'affirment face à une papauté en déclin. Anagni et l'élection, orchestrée par Philippe IV, de Clément V en 1305, en sont la preuve. Le monarque veut primer incontestablement sur ses domaines - même face à l'Église. Peut-il tolérer un élément ne lui étant pas redevable ? Le Temple, ne répondant qu'au pape et auquel le capétien doit beaucoup, peut-il subsister longtemps sous un roi ayant un quasi-contrôle, du moins une influence forte, sur le Saint-Siège ? La condamnation du Temple doit-elle se faire « dans les règles », soit par l'imposition inquisitoriale d'un contenu à témoigner, ou existe-t-il réellement des éléments templiers a-dogmatiques justifiant une suppression de l'Ordre, comme le prétendent les rumeurs à son sujet ? Le Temple est-il bouc émissaire ou source de la preuve condamnatoire ? Ce travail propose une voie d'approche permettant de réfléchir sur ce dilemme, sans toutefois prétendre y apporter une réponse définitive. La comparaison entre la nature qualitative des témoignages des frères templiers devant la Commission apostolique de Paris, par rapport à l'idée que se fait l'Église, à l'époque, du sorcier et de l'hérétique, se veut la voie proposée.