Alors que ces deux comportements semblaient presque révolus depuis la « révolution sexuelle » des années 1970-1990, virginité et chasteté connaissent en réalité un fort regain. Dans une société pourtant hypersexualisée, des individus ou des groupes en font aujourd'hui un objectif de vie, sans qu'il soit forcément lié à une croyance religieuse. Cette remarquable synthèse interroge sur le temps long (16e-21e siècle) les pratiques extrêmement variées que recouvrirent en Europe ces deux termes trop souvent confondus et plus complexes qu'il n'y paraît. En dépit du magistère moral de l'Église sur les laïcs, qui tenta de leur imposer l'impératif absolu de la procréation et la dénégation du plaisir charnel, tous les cas de figure furent possibles, entre idéal mystique et turpitudes assumées. Cette quête d'un improbable idéal qui tourmenta les populations témoigne surtout de nos rapports difficiles à la sexualité et du poids des fantasmes masculins sur la condition féminine.