« Le sentiment que j'ai de moi-même a-t-il rien de commun avec la perception que les autres ont de moi ? Et ce corps, qui me précède toujours, que dit-il à autrui de ma vraie nature, de mes goûts, de mon être secret ? Ainsi, aussi inséparable que je sois de mon apparence, celle-ci signale immanquablement celui que je ne suis pas tout à fait. En d'autres termes : mon corps est-il l'expression de mon moi ou mon moi est-il le prisonnier clandestin de mon corps ? Entre moi et ce qui est mien, la relation est donc bien moins d'ordre ontologique que linguistique ou stylistique. C'est ce qui fait du snobisme ou du dandysme deux figures de cet effort que chacun entreprend pour tenter de paraître ce qu'il voudrait être, et pour tenter d'affacer ce qui volontairement sien. »
N. G.