Enfant rescapé des camps de Transnistrie, contraint à l'exil en 1986,
Norman Manea aura vu toute son existence bouleversée par une
identité juive qu'il n'a pourtant jamais mise en avant ; il ne tait pas
son désespoir ni son embarras devant la question de sa judaïté, en laquelle
il trouve surtout des points de comparaison avec la condition
de l'écrivain, sinon avec toute la condition humaine.
«Littérature de tiroir» d'un exilé, intense document datant des années
de «brutale dégradation» de la situation en Roumanie, et d'un
temps où Manea, écrivain déjà reconnu, venait d'être attaqué ou trahi
par de nombreux intellectuels pour avoir critiqué le nationalisme
ambiant, ce livre a paru en 2008 en Roumanie, dans un contexte
guère moins hostile, et constitue une somme d'une grande richesse,
une plongée intime et érudite dans le XXe siècle roumain comme
dans l'oeuvre d'un de ses plus grands romanciers.
En vue de son édition en langue française, la totalité de l'ouvrage
a été revue par l'auteur, condensée, adaptée, et enrichie d'un long
appendice inédit, consacré aux rapports entre antisémitisme et communisme.