Monstrueuse, la matière de ce livre l'est, pour deux raisons.
Le sujet, d'abord : le trafic d'hommes noirs, «infâme
trafic» jusque dans les justifications qu'on a voulu lui trouver,
philosophiques, religieuses, économiques, politiques.
Monstrueuse aussi, son étendue dans l'espace, de l'Afrique
à la Méditerranée orientale puis de l'Afrique aux Amériques,
le fameux «commerce triangulaire» n'étant que l'une de
ses composantes ; et dans le temps, puisque cette histoire
est longue de près de quatorze siècles.
L'approche globale, qui met en relation l'histoire de l'esclavage
avec d'autres domaines de la recherche historique
- histoire des idées, des comportements, de l'industrialisation
-, permet de découvrir comment des logiques différentes,
propres à l'Afrique noire, au monde musulman et
à l'Occident, ont pu se connecter pour donner naissance
aux traites négrières. Comment, une fois pris le pli, enclenché
l'engrenage négrier, les traites ont évolué jusqu'à leur
terme, résultat d'une dynamique abolitionniste. Ce livre restitue
pour la première fois dans son ensemble la complexité
d'un des phénomènes mondiaux à l'origine du monde
moderne.