Du nom de tous les peuples armoricains, celui des Vénètes est assurément le plus connu, la raison en étant la place tenue par ce peuple dans le soulèvement de 56 av. J.-C. contre l'envahisseur romain et les belles pages que leur consacre César dans le troisième livre de son De Bello Gallico (« De la Guerre des Gaules »). Une partie de ses propos a été reprise par ceux qui, exaltant la puissance d'une « thalassocratie vénète », en ont fait la puissance dominante dans l'Armorique de la fin de l'âge du Fer, assurant à elle seule le « commerce avec la Bretagne » et en particulier le « trafic de l'étain » entre le Cornwall et le monde méditerranéen.
On ne peut, en toute logique, admettre la possible véracité de telles affirmations qu'après les avoir confrontées à la réalité
archéologique, aux trouvailles faites, non seulement sur le territoire que l'on attribue aux Vénètes, soit à peu de chose près l'actuel département du Morbihan, mais aussi en Bretagne insulaire, avec laquelle ces derniers auraient entretenu d'étroites relations commerciales. En outre, les événements de 56 av. J.-C., si importants qu'ils soient, ne sauraient bien sûr constituer à eux seuls toute l'histoire des Vénètes, qu'il paraît donc nécessaire, afin d'en comprendre les tenants et aboutissants, d'étudier sur une longue période.
C'est là le propos du présent ouvrage, qui s'attache, par un examen détaillé et comparatif des découvertes qui leur sont liées, à analyser le lointain passé de ce peuple et de son territoire, de la fin de l'âge du Bronze (vers 1200 av. J.-C.), moment où
semblent apparaître les premières entités constituées et les premiers échanges conséquents d'objets et de concepts le long de la façade atlantique de l'Europe, jusqu'à la fin du Ve siècle apr. J.-C., qui vit naître, après l'effondrement de l'Empire romain, de nouvelles formes de pouvoir et d'organisation territoriale.