Le mot «peinture» ne va pas sans le mot «couleur», mais la
couleur ne colore pas seulement des surfaces, elle les révèle
en colorant le trajet des yeux vers elles. Dès lors, une étrange
équivalence s'établit entre la vue et la dénomination qu'elle
provoque tandis que le flux visuel, en se mêlant au flux verbal,
se change en lui. Le poème est le résultat de cette métamorphose
en même temps qu'il en est l'expérience. Les pages
rassemblées ici ont leur origine dans ce croisement et, de
1970 à 2003, témoignent au moins d'une certaine obstination
à s'y maintenir...