Les albums pour enfants, ces livres conçus pour le jeune public qui combinent images, supports
et très souvent textes dans un rapport d'interdépendance, constituent les objets de ce travail
de recherches. Envisagés comme des produits culturels géographiques, ils interrogent, disent,
représentent et mettent en scène espaces et spatialités.
S'intéressant à un corpus d'albums iconotextuels narratifs édités en France entre 1919 et 2012,
ce travail s'emploie à démontrer qu'il existe une interdépendance entre trois instances narratives
(textuelle, iconique et plastique) et que cette interdépendance génère et imagine non seulement de
l'espace pour le lecteur mais également une intentionnalité spatiale, une transmission d'un habiter tel
qu'il est pensé par l'auteur-illustrateur.
La dernière partie de l'ouvrage, plus exploratoire, propose de voir dans l'album pour enfants un lieu
de communication dans lequel l'intentionnalité spatiale aiderait le lecteur-enfant à agir sur de l'espace.
La réception, l'expérience esthétique, la lecture performative de l'album permettraient à l'enfant de
se construire un capital culturel spatial dans lequel il pourrait puiser pour «faire avec» l'espace qu'il
habite ou qu'il aura à habiter.
Ce travail s'inscrit dans le champ de la géographie culturelle et veut prouver qu'il existe un tournant
spatial tel qu'il a été défini par Edward Soja en 1996, et qui permet de porter un regard autre sur les
sociétés en les analysant à partir des objets culturels qu'elles produisent.