Phénomène protéiforme, les Empires français et britannique furent d'abord « informels », puis la course à l'empire à la fin du XIXe siècle établit des gouvernements directs. Après la poussée décolonisatrice des années i960, les leviers de la puissance restèrent souvent aux mains des anciens empires ; on se mit alors à parler de néo-colonialisme. Mais les empires n'étaient pas seulement présents dans les Amériques, en Afrique ou en Asie. Ils se déployaient également dans les métropoles. Pour la plupart des Français et des Britanniques, la perte « là-bas » de possessions impériales paraissait coïncider avec l'arrivée « ici », menaçante pour leurs emplois et leur « mode de vie », d'immigrants issus des anciennes colonies. En réaction, de nouvelles hiérarchies furent imposées et de nouvelles définitions des identités nationales furent élaborées, faisant surgir une fracture coloniale aux lourdes conséquences au sein des sociétés britannique et française.
En retraçant l'histoire de deux empires depuis le XIXe siècle, Robert Gildea explique les mythes liés à leur création, puis leurs mutations. L'auteur, à travers une réflexion courageuse, originale et essentielle, montre ainsi que la perte de l'empire a fini par engendrer de nouveaux fantasmes d'empire, lesquels ont à leur tour aggravé les antagonismes coloniaux et influencé les choix politiques des sociétés contemporaines.