Les émeutes de l'automne 2005 ont remis la «question
des quartiers sensibles» à l'ordre du jour. Mais quelles sont
les causes de cette explosion ? Pour le comprendre, il ne suffit pas
d'enquêter sur ces quartiers, il faut aussi analyser d'où viennent
les concepts et les catégories qui ont servi à interpréter
le «problème» et à formuler des solutions. Cette généalogie
nous renvoie à la construction, entre le milieu des années 1980
et le milieu des années 1990, de la catégorie de «quartiers
sensibles».
Que cache cette expression ? Une réforme fondée sur les politiques
de «participation» : priorité est donnée au lien social, à la solidarité
locale, à la capacité des habitants à restaurer une vie commune
et de la convivialité, plutôt qu'à l'action publique contre la pauvreté,
les inégalités socio-économiques et les discriminations.
Cette redéfinition des priorités n'affecte pas seulement
les quartiers. Le livre de Sylvie Tissot montre
qu'elle est un élément majeur de la réforme qui voit la place
et les fonctions de l'État social remises en cause depuis vingt ans.