Le rapport de travail est souvent présenté comme reposant sur une opposition d'intérêts et l'éthique d'entreprise comme étant un simple instrument de gestion. Le présent ouvrage démontre que ces visions sont erronées car elles éludent l'aspect bicéphale de l'éthique. Étudier l'intérêt que présente l'éthique pour le rapport de travail suppose de se placer sur le terrain d'une éthique pour le rapport de travail suppose de se placer sur le terrain d'une éthique appliquée qui s'affirme alors en tant qu'instrument de régulation.
L'éthique renvoie tout d'abord aux valeurs auxquelles la collectivité de travail est attachée. L'entreprise est à la fois émettrice et réceptrice de valeurs sociales. Elle peut alors être perçue comme une structure sociale intermédiaire. L'entreprise vit par ses salariés ; elle doit aussi vivre pour eux. L'idée d'une entreprise socialement responsable s'impose progressivement. L'éthique peut ensuite être appréhendée sous un aspect comportemental. Chacun des contractants doit se conformer aux valeurs auxquelles la collectivité est attachée. L'idée d'une éthique contractuelle s'impose. Il faut alors dépasser l'opposition des intérêts en présence. Le contrat relationnel de travail facilite la compréhension du rapport de travail parce qu'il intègre sa dimension éthique.
En définitive, l'éthique occupe une place décisive dans les rapports de travail. Elle est au centre des contradictions entre les logiques économiques et les logiques sociales. Elle assure une médiation entre la dimension individuelle et la dimension collective, entre le bien de la personne et le bien de la collectivité de travail. Instrument de détermination des valeurs d'un groupe ou exigence de conformité aux valeurs d'un groupe, l'éthique peut être présentée comme un intermédiaire entre la liberté et la règle.