Le processus d'ethnicisation de la société française est un
phénomène complexe qui ne saurait être réduit à l'effet
d'un dangereux racisme d'État. Il serait également trompeur
de croire que l'antiracisme émane uniquement du peuple
ou des peuples concernés. Le combat antiraciste est donc
moins simple qu'il n'y paraît, et il convient de considérer avec
circonspection les organisations qui prétendent prendre la
défense de peuples donnés, «au nom» de ces peuples eux-mêmes.
Ceux-ci ont rarement la possibilité de s'exprimer en
leur nom propre parce que leur «propre nom» est lui-même
l'objet d'un enjeu.
Par une sorte d'effet boomerang, c'est toute la thématique du
multiculturalisme qui fait bon ménage avec la stigmatisation
et la xénophobie ambiantes. En effet, contrairement à
l'objectif visé, la discrimination positive semble avoir pour
effet de solidifier les identités nationales et européenne,
que celles-ci soient conçues comme «blanche», chrétienne
ou les deux à la fois.