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Raymond Guérin est fasciné par la lettre, qu'il s'agisse de
la forme littéraire qui structure certains de ses récits ou
d'une véritable correspondance. À tous les titres, de la pratique
de l'échange à l'exercice de l'imagination, il est un
épistolier. Les Lettres à Sonia sont certes une correspondance
réelle entre un écrivain et la femme qu'il aime, séparés par la
guerre et la captivité, mais elles sont aussi et au moins autant
un journal, et encore une projection, une mythologie, bref
c'est un récit qui se donne. Journal ou récit qui est adressé à
l'autre, destinataire et matière sacrée de l'écriture. En contrepoint,
Guérin brosse son portrait intérieur, il évoque le quotidien
du prisonnier dont la vie personnelle, comme celle du
monde, est soumise aux ruptures de l'histoire. Écrivant ces
Lettres qui sont un roman, Guérin s'inscrit dans une fièvre
d'expression que son étrange disponibilité ne peut qu'aviver.
Digne dans l'épreuve, répondant par les mots à la misère du
temps, il dresse au jour le jour un monument de résistance à
la barbarie, fondé sur l'amour et la foi dans le verbe. Le monde
de l'intelligence le nourrit plus que jamais et s'érige en rempart
contre la sottise. Dans les Lettres à Sonia, Guérin se montre
bouleversant de droiture et de lumière.