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La publication, en 2018, des Lettres biologiques de Marie-Victorin visait à faire connaître la réflexion de ce grand penseur sur la sexualité humaine. Elle se voulait une contribution à l’histoire de la sexualité au Québec pendant l’entre-deux-guerres de même qu’à l’histoire de la vie religieuse. La réception très positive et même enthousiaste de ces lettres d’une grande qualité intellectuelle, historique, mais également littéraire a aussi contribué à faire découvrir les qualités personnelles de la correspondante et confidente de Marie-Victorin, Marcelle Gauvreau. Le titulaire des droits des lettres sur la physiologie et la psychologie de la sexualité humaine que cette dernière a échangées avec le grand botaniste nous permet aujourd’hui de les rendre publiques. Ce sont donc les réponses aux Lettres biologiques que nous publions ici – et non l’ensemble de leurs échanges épistolaires – en suivant le même protocole d’édition. Outre son amour profond et imprégné de respect pour celui que Marcelle Gauvreau appelle son « directeur spirituel », amour qu’on pouvait déjà déceler dans les lettres du botaniste, on découvre dans ces Lettres au frère Marie-Victorin une femme enjouée, profondément religieuse, à l’esprit très rationnel, qui apprend à découvrir son corps et à décrire précisément ses expériences sexuelles. Ces lettres nous renseignent, entre autres, sur le niveau de connaissance de la physiologie humaine chez les jeunes filles, en particulier au moment des premières menstruations, ainsi que sur les relations maritales, grâce aux enquêtes que mène Marcelle Gauvreau auprès de ses amies mariées. Cette correspondance révèle une relation tout à fait exceptionnelle et même unique entre deux personnes dont le statut social interdit non seulement tout rapport physique, mais également l’expression publique des sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, à une époque où la sexualité est un sujet tabou. À ce tabou s’ajoute la méfiance, sinon la réprobation, suscitée par cette relation eu égard aux conventions sociales et religieuses d’alors. Ces longues lettres biologiques présentent un regard à la fois studieux et sensible sur les relations humaines que le lecteur découvrira avec étonnement.