Nous attaquons une deuxième nuit de montage,
pour tenter, avec quelques reportages, de montrer à
quoi ressemble l'Irak. La tâche est impossible.
Il faudrait dire à la fois la complexité et rattachement.
Le drame et les rires. Les chiites, les sunnites, les
chrétiens, les fous et les moins fous. Les suicidaires
et les visionnaires. Les réalistes et les perdus. Le
sable et le pétrole. La bêtise de quelques illuminés
de Washington, et la naïveté de leurs successeurs.
Les rêves des Irakiens, quand la parole fut libre pour
quelques mois. Les désillusions, maintenant que les
mots sont de nouveau chuchotés.
Mes reportages ne peuvent pas montrer cela. Ils ne
peuvent guère non plus montrer l'absurde et l'horreur.
Encore moins le mélange des deux. Mais ces
lettres peut-être ?
À petites touches, au jour le jour, l'auteur nous fait
partager sa connaissance intime de la situation irakienne
et cette forme de vie très particulière qui est la
sienne, au coeur du réacteur de l'Histoire.