Troisième volume de la Correspondance Alexandre Vialatte / Henri
Pourrat (ensemble de plus de mille lettres échangées entre les deux
écrivains de 1916 à 1959), les Lettres de Rhénanie II (juin 1924-décembre
1927) succèdent aux Lettres de collège (1916-1921) et aux Lettres de
Rhénanie I (février 1922-avril 1924) publiées respectivement en 2001 et
2003. Elles révèlent la deuxième partie de l'itinéraire allemand du jeune
Vialatte : la période du service militaire, qu'il commence à Paris et
termine comme traducteur à Berlin avant de retrouver, à Mayence, son
poste de rédacteur à La Revue Rhénane.
Pour les deux épistoliers, la période 1924-1927 est très féconde. Seules
nous sont parvenues les lettres envoyées par Vialatte. Elles demeurent,
comme celles de deux volumes précédents, un espace consacré à l'expression
intime où apparaît le lien vital qui unit le jeune homme à sa
patrie ambertoise. Elles font cependant une place moins grande aux confidences
: la correspondance littéraire l'emporte sur la correspondance
personnelle.
Au-delà d'événements importants de la vie de Pourrat, il rencontre
celle qui va devenir sa femme, les lettres commentent l'activité intense
d'un écrivain désormais reconnu. Outre de nombreux articles, Pourrat
publie plusieurs ouvrages, parmi lesquels des oeuvres majeures : À la
Belle Bergère (1925), deuxième volume de Gaspard des montagnes, Le Mauvais
Garçon (1926), pour lequel il a failli obtenir le prix Goncourt et Dans
l'herbe des trois vallées (1927), consacré à la papeterie ambertoise.
Mais les Lettres de Rhénanie II constituent surtout un témoignage inédit
sur l'entrée de Vialatte dans la vie littéraire. Il publie de nombreux articles
dans différentes revues et journaux. Il entreprend sa première traduction
littéraire : Tambours dans la nuit de Bertolt Brecht. Il reprend en le
modifiant et en l'enrichissant un projet formé dès son arrivée en
Rhénanie : publier un ensemble de textes courts qui disent les maux
d'une «Allemagne névrosée» et pour lequel il hésite entre plusieurs
titres : Cartes postales, Panoptikum, Bananes de Königsberg. Il enrichit son
«roman rhénan», qu'il ne publiera pas de son vivant, mais qui fera l'objet
d'une publication posthume (La Complainte des enfants frivoles, 1999).
Certains documents inédits éclairent cette entreprise romanesque à une
époque où se précisent et s'affermissent les fondements de l'esthétique
du jeune écrivain.