Un manuscrit du XVe siècle, provenant de l'abbaye de
Clairvaux, renferme de longs extraits de lettres et de
poèmes échangés par deux amants anonymes. Exceptionnelle
par son ampleur et sa richesse, cette correspondance
privée médiévale est presque unique en son
genre. Les silhouettes des deux amants qui s'écrivent
ainsi la rendent plus captivante encore.
L'homme est un maître célèbre, soucieux de sa réputation,
la femme est son élève qui cherche à mener avec
lui un dialogue philosophique et littéraire. Tous deux
habitent une ville de France, au début du XIIe siècle. Au
fil de leurs messages, on voit se nouer une liaison qui
traverse plusieurs brouilles et réconciliations et s'achève
dans le malentendu et la séparation.
Faut-il identifier ces personnages à Héloïse et
Abélard ? Peut-on éviter de le faire ? Historiens et philologues
sont divisés sur la question. Aux yeux de Sylvain
Piron, dans une étude qui reprend l'ensemble des données
disponibles, cette attribution offre la meilleure
solution au mystère des deux amants. L'histoire du
couple le plus célèbre du Moyen Âge n'était connue que
par des lettres échangées par Abélard et Héloïse quinze
ans après leur séparation. Les Lettres des deux amants,
au terme de la démonstration, permettent de saisir sur
le vif les débuts d'un amour devenu légendaire.
Présentées, traduites en français et suivies du texte
latin établi par Ewald Könsgen, ces lettres apportent
une contribution aussi bouleversante qu'inattendue au
patrimoine mondial de la littérature amoureuse.