Dreyfus ou l'expérience de la volonté
De façon très étrange, notre mémoire collective, si marquée par l'Affaire Dreyfus, a retenu l'exemple même, d'une injustice, pour en commettre une seconde.
Qui sait encore qu'en 1898, Zola salua la publication de ces lettres comme constituant un véritable monument de la littérature ? Qui s'est intéressé, au-delà du soldat, à l'homme ?
Cette correspondance à sens unique, qui montre comment un homme peut se construire, malgré tout et par un travail sans
relâche, mériterait d'être étudiée, tant en classes d'histoire que de littérature française. Elles est aussi, en un sens, exemplaire,
comme elle témoigne de l'extraordinaire capacité de résistance d'un être humain, quand un unique objectif et un profond partage lui permettent, vaille que vaille, bien que tombant sans cesse, de toujours pouvoir se relever.
L'oubli dans lequel ces lettres sont tombées indique bien que, si l'histoire s'est chargée de réhabiliter le soldat, il nous revient encore d'oeuvrer pour réhabiliter la figure de l'homme...
Pierre-Yves Ruff