Alexandre Pouchkine (1799-1837) écrivit près de 180 lettres en français, représentant plus du tiers de sa correspondance. Elles abordent tous les aspects de la vie du poète: depuis sa vie de famille, ses relations avec ses amis ou les femmes qu'il a aimées, jusqu'à ses démêlées avec les plus hautes autorités, comme l'empereur ou ses ministres. Le poète y évoque ses goûts littéraires (concernant de nombreux auteurs français ou anglais, notamment), sa conception de l'histoire, de la philosophie, de la vie.
Écrites dans un style étonnant, souvent incisif ces lettres révèlent un Pouchkine qui aurait pu être un écrivain français, tant il manie brillamment notre langue. On ne s'en étonnera pas, car la langue française était universellement pratiquée dons le milieu aristocratique et intellectuel en Russie. Même dans sa vie privée, Pouchkine parlait français. Dans tous les salons de Pétersbourg, le français était la langue de rigueur, car le russe était méprisé comme étant la langue du peuple. Il y a là le paradoxe de Pouchkine, francophile et rêvant d'aller Paris, mais qui ne quittera jamais la Russie et qui est unanimement considéré comme le fondateur de la langue littéraire russe moderne.
L'édition de cette correspondance est précédée d'un avant-propos sur l'usage du français en Russie au début du XIXe siècle et elle comporte des notes nécessaires à la compréhension de ces lettres.