«Austériens de tous les pays : unissez-vous !» Telle est la rengaine
servie par les obsessionnels de la rigueur fiscale et budgétaire dont les
arguments prennent volontairement des intonations moralisatrices
afin de masquer les vrais enjeux, à savoir que les économies
budgétaires et le recul de l'État ne feront que distribuer davantage les
ressources en leur faveur.
Autoriser aujourd'hui des mesures de relance de la croissance
et desserrer ainsi l'étau insoutenable qui étouffe les populations
reviendraient en effet à... gaspiller une bonne crise, et à n'en pas
tirer parti du point de vue de la rationalisation, de la dérégulation,
comme de l'amélioration de la sacro-sainte compétitivité ! Car le néolibéralisme
ne sait ni ne peut prospérer que sur la désolation sociale.
Le citoyen européen n'a pourtant pas demandé cette dette
publique colossale, et il n'en est pas responsable. Ce ne sont pas les
dépenses sociales qui sont coupables d'avoir creusé nos déficits, mais
les sauvetages bancaires.
Européens, avez-vous vraiment voulu cette dette ? Êtes-vous
conscients que ce débat sur l'austérité n'est que la version moderne
de la lutte des classes ?