Pour de nombreux observateurs, l'Église catholique a manqué sa sortie de l'ère dominée par la chrétienté. La peur l'a emporté. Repliée dans ses zones de certitude, l'Église demeure vissée à sa puissance doctrinale et a laissé prise aux vieilles nostalgies. Cependant, ce diagnostic est incomplet. Il masque le profond mouvement qui s'est emparé des chrétiens pendant la décennie entre l'annonce du concile Vatican II par Jean XXIII et 1968, marquée tant par les événements de mai que par la promulgation de l'encyclique Humanae Vitae.
Depuis, les chemins divergent. L'institution cherche à consolider ses bases tandis que les croyants, ayant goûté à la liberté, à l'autonomie dans la conduite de leur vie et à la prise de parole, poursuivent leur chemin dans l'exploration de nouveaux horizons.
Par eux, de manière inédite, le sel de la parole évangélique ressurgit de lieux étrangers à l'Église, dans le dialogue avec la psychanalyse et les sciences humaines, avec les religions orientales, la modernité, etc.
De ces nouveaux chemins, qui sont aussi un retour aux sources, Jean Lavoué porte témoignage, dans la lignée de son maître Jean Sulivan. Il assume la responsabilité de tout croyant, quelles que soient sa sensibilité ou son histoire, de laisser résonner désormais autrement la liberté du poème évangélique.