«Il voudrait abolir cet espace de temps, ce désert
nocturne devant lui, ou alors, peut-être, sombrer tout
de suite dans le sommeil.
Mais il a sombré dans l'insomnie et dans cette obsession
confuse de neige et de lilas.»
Lundi 6 août 1945, Manuel (le héros du Grand voyage)
tombe évanoui de la plate-forme d'un train. Dans
l'ambulance, à la clinique où on l'endort, lorsqu'il se
réveille, il enchaîne des fragments de son passé.
Résistant, torturé, déporté, Manuel s'est armé de son
silence pour survivre.
Aujourd'hui, c'est la réalité même qui semble le fuir,
comme si son existence n'avait été qu'un évanouissement
permanent. Et Manuel de tenter, tantôt avec
anxiété, tantôt avec détachement, de sentir la réalité
des autres et la sienne.