Les écrits de Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939) ont eu une importance considérable dans le domaine de la sociologie et de l'anthropologie dans la première moitié du XXe siècle, mais la dimension philosophique de son oeuvre a souvent été sous-estimée. Dans un long inédit des années 1940, Benjamin Fondane revient sur cette pensée et en propose une lecture qui va bien au-delà des limites que Lévy-Bruhl lui-même a voulu se donner. Il y voit comme un « coup de théâtre » qui ébranle toutes nos idées reçues et dessine une « métaphysique de la connaissance » qui raccourcit la distance entre rationalité et mystique, reléguant la logique aristotélicienne au rang de logique parmi d'autres. Ce que Fondane vise alors est une connaissance qui persuade l'homme au lieu de le contraindre, une connaissance libérée de l'« enfer logique » aristotélicien, enfin ouverte aux « révélations » de la vie même. Il livre ici un testament philosophique de la plus grande importance que l'autre enfer, voulu par les hommes et auquel il sera confronté, ne lui a pas laissé la possibilité de mener à son terme.