Métissage et hybridation dominent l’art contemporain. Les médias sont de plus en plus en souvent mixtes, croisant les langages et jouant d’un large déploiement perceptif. Sommes-nous, pour autant, sortis des catégories essentialistes ? Les artistes insistent souvent sur leur volonté d’exprimer ce que leur art est seul capable de dire. Thierry Groensteen retrace l’histoire de cette idée depuis Lessing et décrit son apogée avec « l’idéologie de la pureté » consubstantielle au modernisme. Il montre comment le dépassement ou l’abandon de cette idéologie ne l’empêche pas de revenir nous hanter. À l’horizon de nos pratiques culturelles, en filigrane de nos jugements, persiste l’idée que chaque art a une puissance propre, un domaine d’excellence, et procure une qualité de plaisir qui n’appartient qu’à lui. Musique, littérature, arts plastiques, cinéma et bande dessinée sont convoqués tour à tour au long de cette méditation esthétique.