Cet ouvrage tente de percer le secret de fabrication des représentants les plus emblématiques de l'excellence scolaire à la française : les élèves scientifiques de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm. Sans prétendre expliquer l'irréductible singularité de ces trajectoires et encore moins exhiber une recette unique de la réussite, l'analyse des récits des normaliens et de leurs parents permet d'entrevoir, selon les types d'héritages familiaux, l'intensité et les formes variées du travail nécessaire pour produire un normalien ou une normalienne. A ce niveau le plus élevé, l'excellence scolaire est bien une affaire de famille. Comme les diplômés des autres grandes écoles, les normaliens scientifiques sont des héritiers. Mais qui sont les héritières ? Depuis la fusion de l'ENS de Sèvres et de l'ENS d'Ulm, les filles sont devenues une espèce rare en mathématiques et en physique. Celles qui ont résisté à cette éviction ont-elles disposé d'atouts scolaires et sociaux exceptionnels ? En dépit d'une enquête minutieuse, les auteurs, comme le dit Christian Baudelot dans sa préface, «sont rentrées bredouilles de cette chasse au petit supplément qui ferait la différence». Filles et garçons sont étonnamment semblables sauf sur un point crucial : elles ont bénéficié, quel que soit leur milieu social, d'une éducation bousculant les stéréotypes de sexe.