Sauter du coq à l'âne, en obéissant au cours réel de
la pensée, ou au tout-venant d'une conversation de
bistrot, plutôt qu'au protocole de la dissertation, c'est
le propos de ce livre, bavard et imprévisible, contrariant et
provoquant, pessimiste et hilarant. On y envisage la politique
d'un point de vue esthétique, la religion sous son aspect
économique, l'éthique sous l'angle people, le crime dans sa
relation à la sexualité, ou l'inverse, en piétinant allègrement
les plates-bandes disciplinaires.
L'heure d'hiver ? Ce pourrait être aussi bien l'effet de
serre, qui fait fondre les glaciers, qui déprime la météo,
qui brouille les cycles naturels, et qui éteint l'imagination.
Nous suppléons à l'indistinction généralisée par le décalage
horaire. Plutôt que d'admettre que nous avons raté un ultime
rendez-vous avec l'Histoire et l'environnement planétaire,
nous déréglons notre montre, nous décalons le temps, l'espace,
le réel, pour simuler la vie.
Autrement dit, l'heure d'hiver désigne plus généralement
l'hibernation mentale, l'engourdissement massmédiatique,
la stérilisation artistique, bref, l'esprit du temps.
Culturellement, nous entrons seulement dans l'ère jurassique
que nous avions cru pouvoir antidater dans la préhistoire.
À l'heure d'hiver, c'est-à-dire de coma anthropologique, il
ne nous reste plus qu'à conserver pieusement ce qui reste, à
aménager notre planète en musée de ce que fut l'humanité,
et à en rire si c'est possible.