Ce volume contient quatre pièces d'Agota Kristof, parmi les plus souvent représentées, notamment sur les scènes allemandes et japonaises.
John et Joe (1972) ou comment un billet de loterie, au centre d'une banale conversation de bistrot, peut devenir le révélateur d'une division vieille comme le monde, néanmoins d'une actualité brûlante : d'un côté ceux qui possèdent, de l'autre ceux qui se font posséder.
La Clé de l'ascenseur (1977) : une femme, séquestrée par son mari qui, à l'aide d'un médecin complaisant, l'a privée de l'usage de ses jambes, de son ouïe, de ses yeux... Mais il lui reste sa voix pour crier au monde son horrible histoire.
Un rat qui passe (1972-1984) : entre la chambre et le salon, les personnages échangent leurs identités et leurs masques, jusqu'à oublier où sont les masques et où les identités. A travers une pantomime vertigineuse se dessine une réflexion aiguë sur les relations entre le théâtre et le totalitarisme.
L'Heure grise ou le dernier client (1975-1984) : Elle et lui ont vieilli. Lui, le petit voleur ; elle, la prostituée. Ce n'est plus pour obtenir son corps qu'il la paie mais pour lui ravir ses rêves. Jusqu'à ce que la relation s'inverse, faisant apparaître, derrière la vénalité, les liens inextricables de l'amour et de la haine.
Par leur diversité même, ces quatre regards sur la condition humaine où l'humour (noir) le dispute à la gravité donnent un large aperçu de l'univers si personnel de l'auteur du Grand Cahier.