De la Margeride à la Cerdagne, du Pays de Sault aux Cévennes, le Languedoc-Roussillon est riche de plus de 900 000 hectares de forêts, produisant chaque année 700 000 mètres cubes de bois brut. Qu'elles soient de valeur inégale, souvent peu denses, fragiles, vulnérables au feu, personne n'en disconvient. Cependant, elles sont liées étroitement à l'histoire des communautés rurales et urbaines de la région. Bien sûr, les usagers de nos forêts n'en ont fait qu'à leur tête. Les verriers, les maîtres de forges, mais aussi les charpentiers de marine, les négociants de bois de feu, les sabotiers, les fabricants de peignes de buis, toute une multitude d'usagers ont puisé parfois anarchiquement dans une ressource limitée. Esquisser l'histoire des rapports hommes-forêt, c'est recenser ces usages avec leurs outrances, leur méconnaissance parfois des règles sylvicoles, c'est relire les procès-verbaux de délits, c'est mettre en lumière les luttes des communautés villageoises pour obtenir des droits d'usage dans les bois de la souveraineté, c'est tenter de comprendre ce lien un peu mystérieux qui nous ramène à la forêt. Toujours, elle nous sert de repère, elle cristallise nos rêves de nature. Elle grandit au fil du temps. Elle ne doit pas mourir puisqu'elle fait partie de ce patrimoine que nous devons sauvegarder afin de mieux le transmettre.