«Les serrariens représentaient 99 % des
habitants de cette ville morte. Un amas
d'êtres médiocres "qui ne sert à rien".
Il avait du mal à se convaincre lui-même
de ne plus mériter cette étiquette qui lui
avait collé à la peau avec tant de
justesse. Comme ceux dont la vie passait
sans que personne ne les remarque. Une
existence entière à coûter à la société,
sans rien lui apporter. Bouffer, chier,
consommer, jeter. Mais en brisant la
carrière d'une femme qu'il haïssait,
responsable de la mort de son jeune
frère, et toujours impunie près de trente
ans après, il venait de passer dans
l'autre camp. Celui des hommes qui
laissaient une trace. Celui des hommes
dont la vie avait un but.»