Quoi que fassent les hommes pour en imposer aux femmes, dans le monde des femmes, ils ne comptent point. Dans le monde des femmes, seules comptent les autres femmes.
Lorsqu'une d'elles remarque qu'un homme dans la rue se retourne sur elle, naturellement, elle s'en réjouit. Si l'homme est habillé de façon coûteuse ou roule dans une voiture de sport grand luxe, sa joie est d'autant plus grande, joie comparable à celle d'un porteur d'actions qui lit un rapport de bourse favorable. Pour la femme, que l'homme soit bien physiquement ou non, sympathique ou non, intelligent ou non, ne joue absolument aucun rôle. L'actionnaire lui non plus ne se préoccupe pas de la couleur de l'encre dont on imprime son coupon.
Mais qu'au contraire une femme s'aperçoive qu'une autre se retourne sur elle -- ce qui en réalité n'arrive que dans des cas extrêmement rares, car elles emploient pour se juger réciproquement des étalons de mesure bien plus impitoyables que ceux des hommes -- alors, elle a atteint son objectif le plus élevé. C'est pour cela qu'elle vit, pour être reconnue, admirée, « aimée », par les autres femmes.